Lettre ouverte aux élu-es et particulièrement aux député-es du Parlement Européen

mercredi 5 janvier 2022

Le Parlement européen envisage d’élire à sa Présidence mi-janvier une députée de Malte, Roberta Metsola, connue pour ses positions anti avortement. Cette situation est scandaleuse et inacceptable. Nous voulons une Europe qui s’engage clairement pour les droits des femmes. Voici la lettre ouverte que nous allons diffuser largement pour mettre les élu-es face à leur responsabilité.

Elle était polonaise, elle s’appelait Izabela, elle avait 30 ans. Enceinte d’un fœtus malformé, elle est décédée récemment dans un hôpital faute d’avoir pu avorter à cause de la nouvelle loi polonaise. Pour les organisations féministes, Izabela est la première victime connue de la loi ayant rendu l’IVG quasiment illégale en Pologne depuis octobre 2020.

Dans la même période , le parlement européen envisage, pour la mi janvier 2022, d’élire à sa Présidence Roberta Metsola, élue de Malte,connue pour ses positions anti avortement et anti contraception. Malte est l’un des derniers pays de l’Union avec l’Andorre où l’ IVG reste complètement illégale même en cas de viol, d’inceste, de maladie du fœtus ou de danger pour la mère. Roberta Metsola est sur cette ligne : au Parlement, elle vote systématiquement contre toutes les résolutions qui défendent le droit à l’avortement et à la contraception. En septembre, elle s’est même abstenue de voter un texte qui demandait à la Commission européenne de criminaliser les violences faites aux femmes.

Nous sommes profondément choqué-es et en colère

Est-ce l’Europe que nous voulons ? Est ce le soutien que nous apportons aux femmes polonaises dans leur combat pour le droit à l’IVG et à la contraception. Comment expliquer aux femmes européennes ce signal désastreux envoyé par le Parlement Européen ?
Des figures françaises, comme Simone Veil, première présidente du Parlement Européen en 1979, ont fait de ce droit un combat fort et à portée universelle.
Restreindre, abolir le droit d’avorter face à une grossesse non prévue ou non désirée en Europe ou ailleurs, c’est obliger les femmes à avorter dans la clandestinité au risque de leur vie ou de graves mutilations Les avortements clandestins, dans le monde, tuent 47000 femmes par an. Toutes les 9 minutes, une femme meurt des suites d’un avortement clandestin.

Comme le Planning Familial, notre collectif demande aux institutions démocratiques de l’Union Européenne d’agir pour que les droits sexuels et reproductifs, y compris l’IVG, soient reconnus comme des droits fondamentaux, et pour les inscrire en tant que tels dans la Charte européenne des droits fondamentaux.
En effet, priver les femmes européennes du droit à disposer librement de leur corps et à décider de leur propre vie, à commencer par le choix du nombre de leurs enfants et de l’espacement de leurs naissances est contraire aux droits humains et, au premier chef, aux droits des femmes.
Toute violation de la santé et des droits sexuels et reproductifs des femmes européennes contrevient aux obligations internationales librement consenties par les États européens, et notamment :

  • La Convention sur l’Élimination de toutes les formes de Discrimination à l’encontre des Femmes de 1979,
  • La déclaration et le Programme d’Action de la Conférence de Pékin de 1995 qui met en évidence « la nécessité d’éviter les avortements non sécurisés et leurs complications pour les femmes »,
  • La Convention européenne des Droits humains : la Cour de Strasbourg a déjà sanctionné la violation par la Pologne de l’article 3 sur le Droit à la vie et de l’article 8 sur le Droit au respect de la vie privée et familiale.

Nous voulons une Europe qui garantisse les droits fondamentaux des femmes dans tous les domaines : droit à l’IVG et la contraception, lutte contre les violences sexistes, libre choix de la sexualité, égalité professionnelle, autonomie économique notamment par le libre accès au travail., accès et participation à la vie publique, droit à l’éducation et respect de l’intégrité psychique et physique.

Collectif 22 pour le droit à l’interruption volontaire de grossesse et en solidarité avec les femmes polonaises.